Le grand dérangement

Pourquoi ce titre sur une réflexion d'un grand anthropologue ouvert au monde,
au tiers-monde ? Cette expression est née du "'temps de l'arrachement" qui
casse l'histoire acadienne au XVIIIe siècle quand les Acadiens, enjeu des
conflits entre Anglais et Français, refusent de prêter allégeance au nouveau
protecteur anglais et partent en Louisiane pour rebâtir un nouveau monde. G.
Balandier reprend ce terme et le transpose à ce qui se passe selon lui, dans
notre société. Nous sommes devenus des émigrés dans un "vieux monde" qui se
délite et nous devons reconstruire un "nouveau monde" défini par des
territoires différents qui résultent des transformations continues sous les
avancées conjuguées de la science, de l'économie, des applications techniques
multiformes. Le "grand dérangement" c'est cette entrée dans un monde encore
obscur qui renforce les peurs, ravive les soupçons et redonne une vigueur
nouvelle aux ésotérismes. Les "nouveaux mondes" ne s'inscrivent plus dans un
espace géographique planétaire mais dans des créations inédites présentant des
réalisations différentes de l'humain. Une réflexion originale d'un grand
ethnologue qui regarde notre monde et tente "de rendre compréhensible
l'univers humain".